PETITE HISTOIRE N°23

 
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Le 17 mars 2020

Les aboiements s’étaient éloignés peu à peu, jusqu’à disparaître.
Elle adressa une prière silencieuse de remerciement.
Après avoir longtemps trébuché sur les cailloux de la rivière, elle avait dégringolé les marches de la cascade et plongé pour se réfugier au fond de la grotte, avant de réaliser qu’elle pénétrait dans une impasse. Aucune autre issue que celle qu’elle venait d’emprunter. Si sa marche dans l’eau n’avait pas trompé le flair des chiens…


Assise sur la plus haute des pierres plates qui garnissaient le fond de la caverne, elle grelottait. De soulagement plus que de froid. Elle respira profondément pour calmer ses tremblements, se défit de son sac à dos, retira ses grosses chaussures, ôta short, tee-shirt et sous-vêtements qu’elle essora et accrocha aux branches de l’arbre au-dessus d’elle. Elle frotta vigoureusement ses courts cheveux bruns qui commençaient déjà à sécher, puis entreprit d’examiner son corps. Plus de peur que de mal. Aucune égratignure. Pas une goutte de sang qui aurait pu permettre aux chiens de retrouver sa trace.


Elle accomplit plusieurs mouvements pour se réchauffer dans le peu d’espace que lui offrait la pierre, sauta sur place jusqu’à ne plus frissonner. L’atmosphère dans la grotte était plus fraîche qu’à l’extérieur mais agréable en cette journée torride d’août, son corps était sec maintenant et se détendait peu à peu. Sa longue marche stressante l’avait fatiguée. Elle s’assit le plus confortablement possible et entreprit d’observer le décor qui l’abritait.


La rivière avait creusé la roche jusqu’à créer cet abri aux parois décorées de verdure. La lumière pénétrait par l’arc de pierre qui surplombait la cascade et inondait les lieux. Tombée sous le charme, elle restait immobile, admirant les reflets dansant sur l’eau qui finirent par épouser l’entrée illuminée pour dessiner un cœur presque parfait. Deux heures environ s’étaient écoulées depuis son arrivée. Hormis les chants de la rivière et des oiseaux, aucun bruit inhabituel ne venait troubler cet endroit magique.


Elle ouvrit son sac à dos, y piocha une pochette étanche d’où elle sortit un téléphone, y inséra la batterie, consulta le GPS et envoya un message, démonta le smartphone et en replaça les parties dans la pochette, à côté de son arme.
Il serait bientôt là.
Leur mission pourrait reprendre.